Hop, un billet d’humeur, histoire de changer un peu…
Ce matin, j’ai (très fugacement) vu un chroniqueur d’émission de télé brandir un livre sur Le secret des ados heureux. Outre le fait de savoir les écouter et s’appliquer à apaiser leurs angoisses, je voudrais parler de ce sujet brûlant des dernières années qui est le rapport des ados aux réseaux dits « sociaux » et faire un peu de 3615 MAVIE…
Remontons à une vingtaine d’années, en 2004, au moment du boom des blogs et forums sur le Web, qui furent évidemment pris d’assaut par la jeunesse tout juste connectée d’alors. Bien qu’ayant 20 ans cette année-là, j’ai moi-même fréquenté un forum conçu et fréquenté par des jeunes dont l’âge médian était de 15-16 ans (la plus jeune membre en avait 12 et s’y était inscrite quelques années avant, quand bien même le moteur de forum avait des CGU interdisant l’inscription aux moins de 13 ans). Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que même si on était à une époque de « Far West » où la plupart des parents, même ceux qui avaient déjà pratiqué l’informatique, ne connaissaient rien à ces nouveaux usages d’un Internet encore très peu répandu dans les foyers (Wikipédia n’avait que 3 ans, Facebook et Twitter n’existaient pas encore, YouTube non plus et Google passait encore pour « notre ami » et avait déjà ringardisé ses prédécesseurs AltaVista et Yahoo! dans le domaine de la recherche sur le Web), ces forums restaient de manière générale des lieux sûrs pour des adolescent-es, qui pouvaient s’y exprimer librement dans les limites de ce que toute modération digne de ce nom (et souvent exercée par leurs pairs d’âge) accepte. On s’y échangeait des conseils sur tous les sujets (y compris la sexualité, et c’était très bien car c’est à ces âges-là qu’on découvrait la chose pour de vrai, et je ne parle évidemment pas de pornographie mais d’interrogations légitimes sur les changements dus à la puberté, les premières attirances amoureuses, etc.), dans un climat d’écoute confraternelle et bienveillante. C’était un petit fonctionnement en vases clos, mais je peux vous dire que de ces fréquentations « virtuelles » sont nées des amitiés bien réelles qui perdurent toujours aujourd’hui, voire des enfants nés à la suite des rencontres IRL de gens contribuant à écrire des histoires à plusieurs claviers sur un forum RPG ou « chattant » en privé des messageries instantanées (la messagerie instantanée d’AOL AIM, ou le concurrent microsoftien MSN Messenger renommé Windows Live Messenger en 2006…).
Aujourd’hui, on a quoi ? Facebook, Twitter (qui a changé de propriétaire et de nom depuis), et d’autres lieux d’échanges fréquentés par… n’importe qui et n’importe quoi : des ados… mais aussi et surtout des adultes, des entreprises… Non seulement du pays de résidence et des pays voisins de même langue, mais du monde entier (quasiment). Et malheureusement, tout le monde n’est pas aussi bienveillant ni même bien intentionné envers une population qui en est à l’âge où on se cherche et où on commence à affirmer sa personnalité. Malheureusement, il aura fallu vraiment longtemps pour que des adultes soi-disant ou considérés comme « responsables » (sans parler des ados de l’époque, devenus parents d’ados à leur tour aujourd’hui) commencent à s’intéresser sérieusement à cette problématique, mais tout comme l’époque des forums d’ados est pour ainsi dire révolue (il existe toujours des forums, mais leurs membres sont toujours les mêmes qu’il y a 20 ans et sont donc majoritairement quadragénaires, voire quinquagénaires de nos jours), on est encore loin d’avoir trouvé la solution pour que les ados d’aujourd’hui puissent fréquenter des « réseaux sociaux » sûrs et qui ne risqueront pas de leur faire subir d’expériences traumatisantes (ne parlons même pas des cas de harcèlements ou autres incitations à se mettre en danger, une « mode » au long cours qui n’a pas encore fini de faire des victimes qui auraient pu être évitées à une autre époque ou avec d’autres moyens de veiller sur nos jeunes, sans pour autant tomber dans cet autre excès à éviter qu’est le flicage).
Voilà ce que j’avais envie de dire aujourd’hui.
À la prochaine (sûrement pour présenter un nouveau loot mangas) ! o/